Le club Valdaï, fer de lance de la géopolitique russe
L’édition 2016 du forum international du club Valdaï s’est tenue du 24 au 27 octobre. Le club Valdaï a pour objectif d’évoquer l’avenir de la Russie et d’échanger idées et informations sur le pays, cette année le forum a réuni plus de 130 experts et analystes politiques de 35 pays. Si nous connaissons tous le Forum annuel de Davos, qui réunit l’élite mondiale pour y discuter économie, son équivalent russe, le club Valdaï fait couler beaucoup moins d’encre. On pourrait d’ailleurs contester cette équivalence, puisque Valdaï parle plus de géopolitique que d’économie. Retour sur cette 13 ème édition marquée notamment par un discours de clôture, prononcé par Vladimir Poutine en personne.
L’événement qui chaque année prend part dans une ville différente de Russie, s’est établie en 2016 à Sotchi, ville symbole du renouveau russe. Les spécialistes y ont développé une vision géopolitique autour de cinq grands thèmes : le projet eurasien et ses possibilités de développement à travers l’Union Économique Eurasiatique. Le Moyen-Orient et la Syrie ont été évoqués, à la fois sur le potentiel conflictuel de la région, mais aussi sur les possibilités de collaboration avec les autres puissances présentes sur le terrain. Les relations Russo-européennes ont fait l’objet d’une conférence pour trouver comment apaiser les tensions actuelles. Et si l’économie n’est pas directement abordée, elle reste en toile de fond à Valdaï, puisque l’objectif est de rassurer les élites russes et internationales. Le discours de clôture prononcé par Vladimir Poutine ne déroge pas à cette règle.
Vladimir Poutine, Westphalien plus que jamais.
Le président russe se veut rassurant lorsqu’il affirme que « La Russie n’a l’intention d’attaquer personne » en évoquant des raisons démographiques « Les membres de l’OTAN pris ensemble, avec les États-Unis, représentent probablement 600 millions d’habitants. La Russie, c’est 146 millions d’habitants ». Un argument limité, qui ne rassurera certainement pas les gouvernements baltes. Globalement, Poutine en bon Westphalien a de nouveau mis en avant les bienfaits d’un monde multipolaire, critiquant les sanctions contre la Russie, qui seraient selon lui contraire aux principes de libéralisme et de libre-échange.
Un forum en Russie qui résonne avec deux autres événements simultanés : le « Warsaw Security Forum » en Pologne et la «Riga Conference» en Lettonie. Deux forums qui évoquent la menace russe et qui se veulent moins optimiste que les conclusions du Club Valdaï. En effet l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen a déclaré à Riga l’importance d’une présence militaire renforcée en Europe de l’est. Le forum Valdaï restera donc un coup d’épée dans l’eau pour convaincre l’Europe de la bonne volonté russe. Mais il aura eu le mérite de rappeler quels étaient les objectifs géopolitiques de la Russie et de son Président, car en Russie rien ne se fait d’important sans lui.